La foire d'empoigne
Jean AnouilhLes Cent-Jours vus par Jean Anouilh. Napoléon, Louis XVIII, Fouché, et un bon jeune homme plein d'idéal... L'Histoire fait des clins d'oeil au présent. L'humour au vitriol de Jean Anouilh la transforme en une comique Foire d'empoigne.
Intégrée à l'ensemble des Pièces costumées avec « L'Alouette », sur Jeanne d'Arc, et l'excellente « Becket ou l'honneur de Dieu », « La Foire d'empoigne » est une de ces comédies tristes qu'affectionne Anouilh.
Nous sommes au début des Cent-Jours. D'Anouville, un jeune lieutenant naïf et exalté de l'empire, déploie toute sa passion pour un Napoléon gouailleur et cabot, en vieux tragédien sur le retour qui connaît la musique. Mais la roue de l'histoire ne s'arrête jamais et ce sera bientôt au tour du Bourbon, en grand Charles cynique, de reprendre son trône. Avec toujours l'ombre noire – mais surprenante ici – de Fouché gravitant entre ces deux pôles, la pièce sera l'occasion pour D'Anouville de recevoir trois leçons de paternité douces-amères par ces trois dirigeants en représentation constante.
La pièce est assez étonnante. Un parallélisme très net, bien que très habile, vient se dessiner entre les événements des Cent-Jours et de la Restauration et le retour des Français de l'extérieur après la Libération.
On retrouvera avec toujours le même plaisir l'artisanat incroyable pour le dialogue qu'a toujours maîtrisé Anouilh, et malgré l'étrangeté du dispositif, « La Foire d'empoigne » reste un beau commentaire sur la façon dont l'histoire chasse et bute. Et sur notre propre difficulté à nous construire au milieu de ces crises.